Association Jazz Pour Tous

Antoine HERVIER Trio invite Marcel AZZOLA et Marc FOSSET

  • 11 décembre 2009
  • | Horaire : 20h30

Antoine HERVIER

Jeune pianiste et organiste poitevin, Antoine Hervier a choisi de mettre son talent au service du swing, perpétuant ainsi la tradition qui fit l’heure de gloire du jazz autour des années 40 à 50. Pour autant, ces références ne l’empêchent pas de contribuer au développement de cette musique. En effet, grâce à sa personnalité musicale qui transparaît aussi bien dans des compositions fort réussies comme Vernell’s Party (hommage explicite à Ahmad Jamal) ou Tropic Bop (d’une chaleur communicative) que dans la cohésion de son trio auquel il impose un équilibre sans faille, il prolonge de belle manière les pistes ouvertes par les grands noms du clavier, de Bud Powell à Oscar Peterson, sans pour autant tomber dans les excès d’une recherche de l’originalité à tout prix. Sa brillante technique (Maurice Vander le considère comme un des plus doué de sa génération) et son imagination dans les improvisations, alliées à un sens exact du tempo, font de ses concerts des moments de jubilation et d’enthousiasme que le public n’hésite pas à partager.

Reconnu par ses pairs comme un des pianistes les plus talentueux de sa génération, Antoine HERVIER possède un phrasé riche et inventif ainsi qu’un grand sens rythmique qui s’allie très bien avec le style de ses acolytes. Il produit un jazz véritablement cousu main, couvrant avec santé toute l’étendue de son clavier, dans d’énergiques improvisations. Ses compositions personnelles, comme "My Queen of heart", alternent avec des tubes immortels tels que "Billie’s bounce", "Jitterburg waltz", "Fujiyama", sans oublier les inusables "Moanin" ou "Saint-Thomas", fredonnés ou mimés par une assistance unanime.

Ses deux accompagnateurs savent se montrer les complices attentionnés et efficaces, nécessaires à la réalisation de ce projet musical.

Marcel AZZOLA

C’est l’une des apostrophes les plus célèbres de la chanson française au point qu’elle a passé dans le langage courant. Ce "Chauffe Marcel !" que lance Jacques Brel dans "Vesoul", c’est à Marcel Azzola, l’un des plus emblématiques accordéonistes français, qu’elle s’adressait. Des figures de la chanson, Azzola en aura accompagnées plus d’une : Yves Montand, Barbara, Georges Brassens, Edith Piaf, Juliette Gréco... Si sa carrière l’a longtemps maintenu auprès des vedettes et sur les antennes de radios populaires, son goût pour le jazz en a fait l’un des précurseurs de l’émancipation de l’accordéon vers les libertés du jazz. Fils d’un joueur de mandoline italien ayant fui le fascisme, Marcel Azzola commença à Pantin par étudier le violon mais sur les chantiers son père devenu maçon fréquentait des compatriotes qui influèrent sur ce choix premier. Très tôt, les premières leçons débouchèrent sur des engagements professionnels : guinguettes, bals musette, dancings... L’accordéon dans l’immédiat après-guerre est destiné à faire tourner les têtes. Mais Marcel Azzola ne reste pas sourd au jazz dont la diffusion s’est accrue en France dans le sillage de la Libération. Son ami d’adolescence, Didi Duprat, guitariste qui fréquentait les manouches et adulait Django Reinhardt, lui a déjà fait découvrir les choix de l’improvisation. Et lui-même n’a pas manqué de s’intéresser au travail de défricheur de Gus Viseur, son aîné. S’il fréquente en amateur les clubs de jazz de la capitale où il lui arrive de faire le bœuf, son chemin professionnel passe alors la musique de genre, l’accompagnement des chanteurs, les musiques pour le cinéma et le circuit de la variété. Chez Barclay, à partir de 1953, il enregistre d’innombrables titres de musique à danser : paso doble, tangos, boléros, musette, chansons "typiques" et des adaptations d’airs classiques. Le jazz lui est interdit par des producteurs qui veillent à ce que sa musique demeure "accessible" au plus grand nombre. Ses années auprès de Jacques Brel et son intervention mémorable dans Vesoul resteront longtemps attachées à son nom.

C’est seulement à l’orée d’une retraite dorée que Marcel Azzola connaît une seconde carrière qui survient à un moment où l’accordéon, longtemps victime de son image populaire, se débarrasse d’une partie des préjugés qui l’entourent, notamment sous l’impulsion de Richard Galliano. Partenaire de différents jazzmen, Marcel Azzola n’est pas pour rien lui non plus dans cette renaissance. Avec Stéphane Grappelli, Christian Escoudé, Dany Doriz, Toots Thielemans, il peut enfin donner libre cours à ses talents d’improvisateur longtemps dissimulés. Le trio qu’il forme avec Patrice Caratini et Marc Fosset ("Trois temps pour bien faire", 1982) propose l’un des plus élégants équilibres entre la poésie de la musique populaire et le swing entraînant du jazz. Deux albums en 1993 marquent cette renaissance, l’un en hommage à Edith Piaf, "L’accordéoniste", avec Grappelli et Stéphane Belmondo ; l’autre en duo, "Musique à la mode", fruit d’une longue complicité avec la pianiste Lina Bossatti. On le retrouve aussi avec Florin Niculescu et Jacques Vidal. Depuis, Marcel Azzola continue de défendre la richesse de ce "piano à bretelles" qu’il aime passionnément (c’est un grand collectionneur d’instruments), notamment en duo avec son confrère Marc Perrone. Marcel Azzola a accompagné de nombreux chanteurs en studio et sur scène : Brel, Montand, Bécaud, Gréco, Barbara... Virtuose classique, il pratique le jazz après avoir entendu Sidney Bechet, et a joué notamment en duo avec Stéphane Grapelli. Il a également enregistré une centaine de musiques de films, dont Le Juge et l’Assassin de Tavernier ou Play Time, Mon Oncle et Trafic de Jacques Tati. Enseignant, il a accompagné l’entrée de l’accordéon au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Il a reçu de nombreux prix, dont une victoire de la musique d’honneur en 2006.

Marcel Azzola est aujourd’hui l’un des musiciens les plus respectés pour son extraordinaire écoute et son apport dans toutes les musiques, pour sa participation au développement de l’enseignement de l’accordéon ainsi que son humilité exemplaire. Il est fait Chevalier puis élevé au rang de Commandeur des Arts et Lettres par le ministre de la Culture française en juillet 2007 pour sa carrière et son rayonnement international.

Marc FOSSET

C’est en écoutant l’accompagnateur d’Yves Montand, Didi Duprat, que Marc Fosset décide de devenir guitariste. Autodidacte, il parfait sa connaissance de l’instrument tout en poursuivant des études aux Beaux-Arts. C’est aux Puces, notamment, où on le voit en compagnie de guitaristes manouches, qu’il approfondit le style de Django Reinhardt, lequel demeure encore l’un de ses guitaristes de chevet.

C’est sur la scène parisienne que Marc FOSSET effectue ses premières armes, notamment aux "Trois Maillets", où, avec le saxophoniste Michel de Villers, il accompagne de nombreux solistes français comme Michel Roques, Roger Guérin, Claude Guilhot et américains, Memphis Slim, Chris Woods, Bill Coleman, Sonny Criss, Ted Curson... Il entre ensuite dans le groupe Magma puis se produit régulièrement au sein de formations constituées par René Urtreger ou Claude Guilhot. Sa collaboration avec le contrebassiste Patrice Caratini donne un duo désormais célèbre. Au fil du temps, des invités successifs viendront s’y joindre : Michel Delaporte, Maurice Vander, Martial Solal et Marcel Azzola.

Au début des années 1980, il devient le partenaire fidèle de Stéphane Grappelli avec lequel il se produit sur la scène internationale (Carnagie Hall, Hollywood Bowl, Opéra de Sydney, Philarmonic de Berlin, Théâtre du Châtelet...). Guitariste au jeu raffiné, véloce et d’une grande précision rythmique, il attache beaucoup d’importance à la création mélodique et s’intéresse aussi à la composition. L’ensemble de ces qualités ainsi qu’un style extrêmement personnel le placent au premier rang des musiciens de jazz de sa génération.

Photo : Antoine HERVIER (piano) Marcel AZZOLA (accordéon) Marc FOSSET (guitare) Guillaume SOURIAU (contrebasse) Vincent FRADE (batterie)